Ayant récemment une course à faire dans le centre de Paris, je propose à ma femme de l'inviter dans un restaurant végétarien situé à proximité, un peu cher à mon goût, mais où j'avais déjà mangé honorablement. Voulant faire simple, je prends le plat du jour, et là, grosse déception. C'est franchement mauvais, alors, à 50 € pour deux, je considère que c'est franchement de l'arnaque.
Je demande à parler au responsable, qui refuse de reconnaître ses tords. On me dit que le restaurant (qui vient de s'agrandir) ne gagne pas d'argent, qu'il faut trois personnes en cuisine pour couper les légumes, car cela prend beaucoup de temps... Palabres interminables, les clients qui s'impatientent. Finalement, sentant que mon interlocuteur n'est pas disposé à se remettre en question, j'abrège la conversation pour sortir de l'impasse.
Tout cela pour dire que certains - rares heureusement - ont senti le bon filon, et, sous prétexte qu'ils sont l'un des rares restaurants de Paris à proposer des plats végétaliens, abusent littéralement du client.
Sachant que la viande et le poisson, qui sont des ingrédients chers, sont absents des plats végétariens, ceux-ci devraient logiquement coûter moins cher, où en tout cas pas plus cher, si l'on tient compte du fait que les légumes eux aussi ne sont pas donnés, surtout s'ils sont de culture bio.
Qu'il y ait des restaurants végétariens gastronomiques, y compris sur une péniche qui navigue sur la Seine, pourquoi pas. Mais tout le monde n'a pas les moyens de manger pour 25 ou 30 € le midi. Il n'est pas normal que, dans les restaurants et brasseries, les végétariens, qui mangent plutôt moins que les autres, ne puissent jamais profiter des menus et mangent à la carte une médiocre salade composée à plus de 12 €, où un sempiternel chèvre chaud sur toast. D'autres encore s'imaginent qu'être végétarien, c'est manger une assiette de "crudités", dont la moitié sont des légumes cuits baignant dans le vinaigre.
A titre indicatif, à Montréal, il existe une chaîne de restaurants végétariens où l'on peut manger au buffet pour l'équivalent de 10 € .
Tout établissement de restauration devrait proposer au moins un plat complet sans viande ni poisson, du genre couscous végétarien, lentilles accompagnées d'un bon pain de campagne au levain, ou encore riz complet ou quinoa aux petits légumes, dans lequel les plantes aromatiques tiennent une large place. En somme une cuisine simple, roborative et économique, à la portée de n'importe quel chef en herbe.
Si trouver un restaurant végétarien à Paris relève du parcours du combattant, les restaurants classiques peuvent faire un effort d'adaptation. La clientèle ne veut plus de cuisine lourde et indigeste. Il n'y à qu'à voir la prolifération des sandwicheries et saladeries, surtout haut de gamme dans les beaux quartiers, pour s'en convaincre.
Si les français végétariens sont encore peu nombreux, que doivent penser, lorsqu'ils visitent la capitale, les végétariens anglais, allemands ou italiens, trois fois plus nombreux que chez nous en pourcentage de la population, en voyant les français ancrés dans leur gastronomie carnée ?
Si Jamie Oliver, grand chef britannique, prépare un livre de recettes végétariennes, les chefs français ont beaucoup de chemin à faire pour se mettre au diapason. Et dire qu'on a voulu faire classer notre cuisine au patrimoine mondial de l'humanité. La créativité française pourrait être mieux employée dans l'élaboration de plats réalisés sans violence à l'égard des animaux.