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13 janvier 2014 1 13 /01 /janvier /2014 15:00

La chaine Arte a diffusé le dimanche 12 janvier un reportage sur la communauté Monte Veritá, fondée en 1900 au sud de la Suisse, sur les hauteurs du lac Majeur, près de Locarno.


Dans la lignée des communautés pythagoriciennes de l'antiquité, Monte Veritá  fut un véritable bouillon de culture influencé par les idées de Lao Tseu, Jésus, Maître Eckart, Rousseau, Nietsche, Tolstoï et Héléna Blavatsky, cofondatrice de la Société de Théosophie. Cela se manifestait par les pratiques du végétarisme, du naturisme et de la danse, la sacralisation de la nature, le mépris de l'argent, ainsi qu'un idéal pacifiste et libertaire.


Aujourd'hui envahi par les hôtels et les résidences secondaires, le site était alors sauvage, attirant de nombreuses célébrités de l'époque, qui venaient y profiter des soins naturels pratiqués dans le sanatorium. On pouvait y rencontrer Herman Hesse, Krishnamurti, Isadora Duncan, Rudolf Steiner, Carl-Gustav Jung, André Gide, Erich Maria Remarque, H.G.Wells, Max Weber, Thomas Mann, voire même Lénine ou Trotsky.

 

Erich_Muhsam_Postkarte_Sanatorium_Monte_Verita_ca_1904.jpgRégénération par l'eau de la cascade (1904) 

Wikipedia Commons - Auteur inconnu

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Erich_M%C3%BChsam_Postkarte_Sanatorium_Monte_Verit%C3%A0_ca_1904.jpg?uselang=fr

 

L'un des fondateurs de Monte Veritá  était Gustav Gräser, sorte de prophète barbu et chevelu, partagé entre la grotte dans laquelle il vivait et sa femme accompagnée de ses six enfants (!), ne voyageant qu'à pied ou en roulotte. Animé d'une profonde vénération pour la nature, Gräser lisait les Upanishads  et rédigea une traduction libre du Tao Te King. Il eut une forte influence sur Herman Hesse qui le côtoya à plusieurs reprises, réussissant à le libérer de son alcoolisme. Les romans de Hesse comme Siddharta, qui marquèrent la génération hippie des années 1960, sont directement inspirés par Gustav Gräser.

 

Il faut noter également l'influence marquante des idées de Tostoï sur les fondateurs de Monte Veritá, à travers Ida Hofmann en particulier.

 

Enfin, la communauté de Monte Veritá constitua un terrain d'expérimentation de la danse moderne pour Isadora Duncan et quelques autres.

 

A l'aube de la première guerre mondiale, la communauté commença à se disloquer, certains de ses membres émigrant en Amérique pour échapper à la conscription. D'autres furent internés en hôpital psychiatrique pour comportement antisocial ou persécutés par les nazis, l'un se raliant même à leur cause. Pour sa part, Gustav Gräser fut emprisonné à deux reprises, mais échappa de justesse à la déportation et survécu miraculeusement aux affres de la deuxième guerre mondiale.

 

En 1920, plus aucun membre fondateur ne demeurait à Monte Veritá, et, si la communauté perdura encore pendant dix ans, c'est au prix du reniement des idéaux d'origine, de la viande étant même servie aux clients du sanatorium. En fait, les idées de Monte Veritá  s'étaient déjà propagées jusqu'en Californie, pour rebondir dans les années 60 sous la forme du Flower Power.

 

 

Sources :

Le reportage d'Arte (86 mn) est visible en streaming jusqu'au 19 janvier 2014.

 

 

Cette belle chanson de Nat King Cole évoque le Nature Boy, héritier californien de Monte Veritá  entre les deux guerres.

 

 

 

 

 


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